SDIS 88 test Panoramax - prise de vue en milieu forestier et mesure de largeur de piste

Dans le cadre de la défense de la forêt contre les incendies (DFCI), le SDIS des Vosges s’est récemment impliqué dans un projet de cartographie de la desserte forestière.
Cette cartographie repose notamment sur l’analyse des données LIDAR HD de l’IGN.

Dans la première phase de ce projet, nous avons cherché à couvrir, à l’aide de vues immersives, une zone test d’environ 10 km². Nous avons choisi Panoramax, et je détaille ci-dessous les particularités et les limites de cette expérimentation.

CONTEXTE

Le SDIS assure l’engagement et la coordination des moyens lors des feux d’espaces naturels. Il mobilise les unités feux de forêts, protège les zones habitées et les infrastructures, et coordonne les actions des partenaires.
Pour circuler en zone forestière, les unités doivent pouvoir s’appuyer sur une cartographie précise du secteur d’intervention.

C’est dans ce contexte que le SDIS s’est associé au projet de qualification de la desserte pour la défense de la forêt contre les incendies, porté par la DDT des Vosges. Ce projet a démarré début 2025 et devrait se terminer en 2027. À son issue, nous disposerons d’un réseau de dessertes fiabilisé, permettant aux secours de gagner un temps précieux sur le terrain.

Avant de déployer une méthodologie complexe sur tout le département, nous avons choisi une phase de test située à l’ouest de Saint-Dié-des-Vosges.
Pour maximiser les chances de réussite de cette cartographie, nous avons souhaité fournir au prestataire un support de vues immersives lui permettant de contrôler les données de desserte issues du LIDAR, tout en limitant les déplacements sur le terrain.

À partir de ces photographies, nous voulions également pouvoir mesurer la largeur des pistes, qualifier la nature du revêtement et identifier de potentielles zones de croisement ou de retournement pour les véhicules d’incendie.

PRISES DE VUE

MESURE DE LA LARGEUR DES PISTES

La catégorisation des pistes forestières pour la DFCI repose principalement sur le critère de largeur. Il nous fallait donc pouvoir mesurer simplement cette largeur sur les clichés pris.

Voici la méthode, que l’on peut qualifier d’artisanale :
La mesure de la largeur de la piste est effectuée à partir d’une référence au sol (tare) d’un mètre.
Cette distance, projetée selon l’axe caméra–capot–sol, correspond à une largeur de 56 cm visible sur le capot de mon véhicule.
Ce rapport (1 m au sol = 56 cm sur le capot) sert d’étalonnage : il suffit ensuite d’un simple produit en croix pour déduire la largeur réelle de la piste à partir de sa largeur apparente sur le capot.

Cette technique suppose que la caméra conserve toujours le même emplacement et les mêmes réglages d’angle.

LIMITES DES PRISES DE VUE EN FORÊT

Globalement, cette campagne photographique répond à nos besoins, même si certaines limites sont vite apparues :

  • Luminosité : lors du passage d’une zone ensoleillée à une zone d’ombre, la caméra n’a pas le temps d’ajuster l’exposition, ce qui crée des zones très sombres.

  • Accès réglementé : la circulation en véhicule est interdite en forêt ; il faut donc obtenir une autorisation du propriétaire, ce qui complique la logistique d’une campagne.

  • Orientation solaire : il est préférable d’organiser le plan de prise de vue en fonction de la position du soleil, par exemple en privilégiant les vallées orientées nord-sud autour de midi pour bénéficier d’un éclairage optimal.

Nous n’avons pas encore testé les prises de vue par temps couvert.

SUITE DU PROJET

Cette campagne nous a permis de mesurer combien il est précieux de disposer de clichés pour vérifier nos données extraites du LIDAR sans avoir à se déplacer.
Lorsque le réseau structurant de la desserte DFCI sera finalisé, il n’est pas exclu que nous réalisions une nouvelle campagne pour couvrir ce réseau prioritaire.

Gwénaël Menguy - géomaticien au SDIS88

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Je me permets de te partager un exemple de photos prise avec une GoPro Max dans une forêt de pins par temps couvert (ciel blanc, pas trop gris) : https://panoramax.ign.fr/?background=streets&focus=pic&map=17/43.508137/-1.514817&pic=eeaf644f-b928-4d42-b815-b20cd40d21ac&speed=250&theme=age&xyz=281.97/-14.58/0

Forêt du Pignada à Anglet (64), le 2 juillet dernier.

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J’ai comme ambition de faire de la capture de photos lors de mes sorties vélo en forêt (autour de Bordeaux). Je n’ai pas vu d’initiative similaire du SDIS 33, mais est-ce qu’il y a des éléments particuliers que je dois surveiller pour que mes images soient potentiellement utiles au SDIS ? Clairement je n’ai pas de capot pour étalonner la largeur pour faire des mesures à partir des photos :sweat_smile:

Question plus générale : si j’étalonne ma caméra (partons du principe que sur le vélo elle a une position bien fixe) avec des largeurs connues au sol, et que je créée un overlay que j’ajoute en “dur” dans les JPEG avant upload, est-ce que c’est acceptable pour Panoramax ? (c’est à dire qu’on aurait de la donnée synthétique en overlay dans les images). Ca pourrait être juste une petite ligne, mais du coup c’est pas juste une photo capturée en extérieur.

En regardant la vidéo du dernier point, j’ai aussi vu que la plage dynamique des capteurs de la GoPro Max 1 semble être problématique pour l’usage en forêt, avec un fort contraste entre les zones ensoleillées et les ombragées. J’ai une séquence en particulier que j’ai capturée avec la Max 2, un matin quand le soleil était encore assez rasant, et en milieu urbain on garde vraiment pas mal de détails même quand on a le soleil en pleine face, mais en milieu “forestier” (= sur cette séquence un parc plutôt “sauvage” et bien boisé) ça reste souvent compliqué, même avec ce nouveau modèle de caméra. https://panoramax.openstreetmap.fr/sequence/bed46815-436d-4329-896f-fabc6bbf55f6

Paradoxalement, les photos sont plus lisibles par temps gris parce que ça limite les zones sur et sous-exposées. La limite est que si on a n’a pas assez de lumière, on va avoir du flou de bougé.

Vous ne rencontrez pas de problème avec le GPS de la Go Pro Max. En forêt, en VTT sur des sentiers, j’ai eu des traces décalées de plus de 200 m.

Si on part du principe que la caméra est bien positionnée (penchée sur aucun angle), et qu’on part de l’hypothèse que le sol est plat, alors on ne devrait avoir besoin que de connaitre la hauteur de la caméra par rapport au sol pour pouvoir mesurer approximativement une dimension au sol.

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Une information à ajouter aux séquences avec les tags !

C’est vraiment top ce que vous faites au SDIS88, bravo. J’aime bien la méthode de mesure des largeurs de pistes : artisanal certes, mais efficace !

Je trouve juste dommage que vous n’en profitiez pas pour positionner les images avec un RTK. Surtout que le coût d’achat d’un récepteur est plutôt faible (dans les 700 euros avec l’antenne) et le coût d’exploitation égal à 0 avec le réseau centipede. Pensez y en cette fin d’année si il vous reste quelques sous ! :wink:

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Salutations, Gwenaël, et merci pour le retour d’expérience !

À noter : vu la quantité de forêt publiques dans la montagne vosgienne (domaniales et communales), demandez une autorisation globale au service forêt de l’ONF à Saint-Dié, ils vous la donneront avec grand plaisir, vu le but poursuivi ! :wink: Ainsi, vous aurez une autorisation pour les trois quart des forêts ; ça sera déjà bien.

Signé : un garde forestier près de Senones. :sweat_smile:

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Il existe déjà un groupe de travail (au moins sur le Grand-Est) commun SDIS/ONF (avec notamment transmission par le service SIG de l’ONF des données des tracés et carrossabilité des pistes forestières), ça peut être le lieu d’échanger sur le sujet :slight_smile:

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