Une définition partagée d'un (géo)commun?

Oui je suis assez d’accord avec toi avec tout de même une nuance qu’une communauté et son commun peuvent survivre à des attitudes prédatrices. Surtout dans nos domaines numériques où le commun n’est pas altéré par sa consommation, il n’y a pas de diminution de sa valeur intrinsèque. Si Google aspire toutes les données d’OSM sans participer au pot, il n’empêche pas l’émergence d’un concurrent de bonne volonté qui pourrait dans bien des cas l’emporter (meilleure image, meilleure articulation avec des outils ouverts…).

Mais je conviens parfaitement qu’on peut s’accorder sur certaines règles (en utilisant par exemple l’ODbL ou CC-SA) pour limiter ces comportements et ainsi lever les réserves de certains acteurs redoutant ces attitudes prédatrices.

1 « J'aime »

Certes, mais il y a une opportunité d’améliorer le commun qui est perdue et les communs que j’ai en tête ont sans arrêt besoin d’être amélioré, complétés, affinés.

Si un acteur X complète ses données avec celles d’un commun, sans reverser en retour, cela diminue la valeur du commun face à celle des données de cet acteur qui renforce du coup sa position. Je ne pense pas que ce soit ce que l’on vise comme objectif.

On parle souvent de l’équilibre entre droits et devoirs… on est ici dans une logique de même type, j’ai le droit d’utiliser, mais aussi le devoir de participer.

Les licences avec partage à l’identique organisent cet équilibre et sont de mon point de vue le marqueur d’une réelle logique de commun (comme @vinber)

2 « J'aime »

oui et non :slight_smile:
je suis d’accord sur les questions de “résiliences”, de non raréfaction de la ressource, … Cependant la question n’est pas de survivre justement mais de vivre, voire de promouvoir un commun, voire de développer des projets communs. Et c’est ici il me semble que les dimensions prédatrice ET monopolistique sont de vrais dangers pour les communs en simple LO.

J’ai eu cette échange autour de datatourism il y a peu (plein de choses très intéressantes, une réflexion sur l’ontologie, le web sémantique, un usage partout en france, …). C’est de la licence ouverte, donc on imagine bien que dans peu de temps des “grands prédateurs” vont récupérer ces données. Or nous savons aussi que ces grands prédateurs (bookeen et autres plateformes) sont responsables d’une fuite économique sur les territoires. Là où l’odbl régulerait sans doute un peu plus …

La résilience doit être pensée évidemment mais ne doit pas guider. Il me semble que l’OdbL (pour les bases de données) a l’avantage de garantir par la loi la disponibilité des données au meilleure de leur forme. (bon je dois y aller, c’est vide grenier ce matin :smiley: )

Si on regarde du côté de l’univers des données de mobilité on a quand même des leçons intéressantes à tirer je pense.
Tout le monde (j’ai l’impression) s’accorde sur le fait qu’il s’agit d’un secteur relativement sain où les données parviennent à faire ce qu’elles doivent faire : rendre service. Différentes applications portées par des structures de natures très différentes s’accordent sur l’utilisation d’un standard de données : le GTFS. Ce standard est open source, est ouvert aux contributions extérieures mais selon des règles bien différentes de la communauté OSM. En effet il est régit par une organisation à but non lucratif, MobilityData. Une série de règle organisent les contributions, et garantit aux utilisateurs et contributeurs du standard qu’il est stable tout en étant ouvert à des évolutions. Néanmoins Mobility Data détient la propriété intellectuelle du modèle de données, et pourrait théoriquement arbitrer de sa fermeture, de la modification de ses conditions d’utilisation ou encore décréter de nouvelles versions sans validation extérieures. Pourtant des contributeurs privés potentiellement concurrents (Transit App) ou des organisations publiques (Pays de la Loire, transport.data.gouv.fr et de nombreuses métropoles) participent à son développement bénévolement. Les règles initiales pourraient pourtant sembler non favorable à ce genre de contribution (sponsors majoritaires : les deux premières lettres de GAFAM) et pourtant le collectif Mobility Data jouit d’une bonne presse et compte même parmi son Conseil d’Administration @gabriel.plassat de la Fabrique des Mobilités.
Si en aveugle on me disait que ce format rencontrerait autant de succès en termes d’usages et d’animation communautaire je n’y aurait pas cru sur la seule de base de sa gouvernance somme toute fragile.

On pourrait aussi parler de la question des licences d’utilisation des données qui sont concrètement produites. En France, la plupart des données de mobilité est publiée à travers la licence ODbL. On peut s’en féliciter, elle permet théoriquement d’obliger les utilisateurs à partager leurs améliorations des données. Pourtant on peut constater que le chemin est encore bien long avec que cette remontée soit tout à fait effective. On se frotte à de nombreuses difficultés :

  • toutes les modifications ne sont pas nécessairement pertinentes pour être intégrées à la donnée initiale. Par exemple Transit App utilise des Majuscule plutôt que des minuscules pour les noms d’arrêts, modifie les GTFS de la Région Pays-de-la-Loire en conséquence, l’intérêt du repartage est minime
  • il est complexe d’intégrer des modifications pertinentes. Google repartage un GTFS “amélioré” d’Île-de-France Mobilité. Il n’est pas simple de faire un Delta clair entre la donnée initiale et la données finale ; encore plus d’arbitrer quelle modification est pertinente à être intégré d’une autre.
  • à nouveau sur l’exemple du GTFS de Google sur IDFM, il n’est pas simple pour un réutilisateur d’arbitrer entre celui d’IDFM et celui de Google, chacun présentant un intérêt différent.

Dès que l’on sort d’un système aussi élégant qu’OSM où la contribution est largement outillée et où tout le monde partage le même référentiel, la mécanique de repartage à l’identique est moins efficace. Je crains même qu’elle n’évite même pas les attitudes prédatrices d’autant qu’il est évidemment très difficile de tracer les utilisations des données ouvertes.

La question qui me vient c’est donc : est-ce que les données de mobilité sont un commun ? On est clairement sur une ressource utile à une communauté, qui s’accorde notamment sur un langage d’échange, le GTFS. Les données, elles, sortent peut-être un peu du commun dans la mesure où leur diffusion est plus verticale : l’opérateur délivre une information à un calculateur d’itinéraire consommateur. Le paradoxe, qui est presque amusant, c’est qu’on se retrouve avec une gestion de ce qui semble être de l’ordre du commun avec une gouvernance fragile, le GTFS, et que ce qui est plus de l’ordre de l’information “administrative” gouvernée plutôt maladroitement par la licence ODbL.

Je n’encourage pas à lancer des communs sur des bases fragiles évidemment ! Néanmoins je pense que nous devrions rester vigilent sur le fait que l’essentiel est :

  • d’être pragmatique et de composer avec les alliés principaux du commun et leurs intérêts
  • d’être à la recherche d’utilisateurs et d’usages concrets utiles qui convaincront un scope toujours plus large de contributeurs qui souhaiteront voir leurs besoins spécifiques couverts et alors contribueront.
3 « J'aime »

Concernant les questions que tu poses ‘les données mobilités sont elles un commun’, peut être est ce un sujet à part entière comme geocommun potentiel à traiter.

Sinon @bzg pose quelques éléments de repère d’un commun Points de repère sur les communs numériques - Bastien Guerry et une grille de lecture que je reprends ci dessous

  • la ressource est-elle d’accès gratuit ?
  • la ressource est-elle sous licence libre ?
  • les règles de gestion sont-elles définies collectivement ?
  • ces règles permettent-elles la contribution de tous ?
  • la communauté est-elle ouverte à d’autres ?
  • est-elle motivée par des intérêts marchands ?
1 « J'aime »

Hello top discussion. Bon portrait robot au fond : on voit bien le noyau dur partagé par tous (le principe d’une ressource co-gérée dans toutes ses dimensions pour faire court) et des halos plus composites.

En prenant ma casquette IGN, il me semble en effet que la BP Topo ou Plan IGN, bien qu’ouverts ne peuvent pas être considérés comme des communs car pas co-construits. Ce sont des produits maison et même s’il y a de plus en plus de collaboratif, on reste dans des règles IGN. A nous de changer cela :slight_smile: La BAN c’est mieux déjà mais les communes ne sont pas directement à bord de la gouvernance (right ?), il y a sûrement un pas supplémentaire à faire.

Sur la licence : c’est pour moi un sujet qui doit être à la main de la gouvernance. L’IGN voudra parfois co-construire des référentiels en licence ouverte mais cela ne doit pas nous interdire de prendre part à des référentiels en OdbL ou autre si telle est la volonté commune du tour de table ad hoc de la ressource concernée.

3 « J'aime »

Pour alimenter les réflexions sur le sujet données de transport / communs numérique j’avais formalisé un cadre de lecture en comparant Google/transportdatagouv/OSM (https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-03347454/file/2021_ASRDLF_TransportData.pdf)

et aussi ce tableau de synthèse :wink:

1 « J'aime »

Que signifie le Pas pour application et OSM ? Je comprends “Il n’existe pas d’applications liées au transport utilisant OSM” mais cela m’intrigue … je viens d’aller lire et cela concerne du calculateurs d’itinéraires et donc doublement surpris.

parce que comme cela je pense à Trufi, et puis à des calculateurs et des profils d’osmand, d’organicsmaps. je ne connais pas assez les profils de calculateur grafhopper, brouter, osrm mais j’imagine qu’il y a quelques applications.

et je n’ose parler de carte papiers qui vers chez moi par exemple (Bordeaux) illustrent tous les arrêts de tram de la métropole (pas seulement de la donnée OSM mais beaucoup) ! Combien de cartes papiers des transports publics basés sur google ou transport.data (vrai question, j’imagine que cela doit exister mais je n’en connais pas).

Je pense que c’est lié au fait qu’OSM ne fournisse que les données. Il n’y a pas d’appli officielle. En revanche l’écosystème en fournit une multitude.